Bienvenue ce week-end au circuit Carole.

En huitième ligne de cette troisième manche de la rencontre amicale organisée par le club Gnome & Rhone, un tunnelier Kawasaki, 30 mètres de long, 85 tonnes, 2000 cv a 450 tr/min.
A ses côtés, l'inénarrable Grinnaert au ... hum ... guidon de sa vaillante et non moins narrable XJ 900 RR, ma foi d'un fort beau gabarit également.

A y est, c'est parti.

Le tunnelier semble avoir pris l'ascendant sur les premiers hectomètres.
Ahhh, non ! Il semblerait que la XJ remonte petit à petit.
Il faut dire que l'immense soufflerie installée a l'arrière du tunnelier permet de prendre l'aspi trés facilement.
Ahhhh, c'est l'arrivée à la parabolique, Nico Grin tente l'intérieur.
Non, décidément, il n'y a rien a faire, le pilote de ce tunnelier est vraiment d'une habileté déconcertante, et il profite de la maniabilité de sa machine et de la disponibilité de son moteur pour faire irrémédiablement le trou maintenant...
Les deux concurrents fondent à une vitesse folle sur celui qui les précédait directement sur la grille de départ, un concurrent inconnu, au guidon d'une Division 900.
Non, une Dispersion.. rhââh, je n'arrive pas à lire, Germaine vous me taperez les notes en 18 la prochaine fois.
Ce doit être une Destruction je suppose, construite par le même artisan japonais que la XJ 900 qui en découd toujours avec le tunnelier.
Le pilote, enfin conducteur de la Discrétion, combinaison rose et casaque verte, se bat littéralement avec sa machine, sans pour autant en tirer la quintessence.
Il prétextera surement un problème d'...essence, hic hic hic.
Bon, je pars faire une sieste et reviens pour la fin du deuxième tour.
A tout a l'heure. "



Nico Grin's était là, tel Mac Grath, à l'aspi derrière le tunnelier.
Il faut dire que le sous-terre, ce n'était pas sa tasse de thé.
Mais la fin de la partie souterraine arrivait. Fini d'être bouchonné par ce tunnelier, dans les décombres et les gravats qu'il vomissait.
Nous allions enfin revenir à l'air libre, la RR pouvant alors dévoiler tout son potentiel.
Nous refimes surface en bout de ligne droite, la deuxième aprés la parabolique.
D'un coup de gaz, la RR s'élança à l'assaut de la victoire, laissant le tunnelier rattrapper la Dislexion 900.
Le gourou, en pleurs, se mouchait dans son blouson ros... pourpre !
Bien sûr, sa Diminution 900 avait presque la légèreté du tunnelier, mais elle était loin d'en avoir la puissance.
La foule en délire, morte de rire, observait le spectacle, quand soudain elle vit la RR taper le freinage, dans une superbe roue AV, à l'entrée de l'épingle. Puis la roue AR se reposa en douceur, et le repose-pied droit lécha délicatement le vibreur. La RR, élargissant juste ce qu'il faut, sortait déjà magnifiquement, passant en wheeling sous la passerelle Dunlop, tout en se décalant vers la droite pour entamer le virage à gauche qui suivait. Dans un déhanchement majestueux, il avala cette courbe, préparant déjà le gauche-droite qui suivait, face à la foule toujours en délire qui avait oublié les deux mastodontes pseudo-roulants, l'un en acier l'autre en plastoc. En un eclair, le pif-paf fut avalé et la RR plongea dans le petit gauche qui précède la parabolique, dans laquelle il rentra le genou par-terre. Ensuite, la ligne droite fut avalée dans un vacarme assourdissant, le pot d'échappement respectant strictement les normes "Grin's" : 80 décibels... par cylindre ! soit 320 en tout (je sais, c'est une échelle logarithmique, mais bon, c'est rien).
Cette ligne droite se termina par les wabroo-wabroo joe-bar-teamesques durant lesquels, tournant la tête vers la droite pour apprécier la prochaine sortie de courbe, le pilote Nico Grin's remarqua l'arsouille des 60 tonnes en tout, qui avaient bougé de quelques malheureux centimètres durant les 1'22" qu'il mit à boucler ce magnifique tour du ruban d'asphalte diabolique.
Alors, le vrombissement du 900 rétrogradant réveilla le professeur Cabrol juste avant la fin du deuxième tour, comme il l'avait voulu.
Le pauvre, il n'aura pas dormi longtemps...