La montée du col de l'Espigoulier...
Par Jean-Louis

Mise à jour: 1er novembre 2010
 
 

Rendez-vous dimanche matin pour un tour de la Sainte Beaume.

La météo n'est pas bonne, averse sur le sud est.

Bon c'est pas grave, on va sortir les combis pluie qui n'ont pas servies pour la Bretagne.

Départ 9 heures du mat.

Tranquillement en train de sangler ce putain de sac sur la bécane, je reçois un coup de fil de Djeel.
Il pleut des hallebardes dans la Drome, et ne se sentant pas de rouler sous l'air, les Endives se ramassent à la pelle, Djeel renonce prudemment.
Mais personnellement mon petit doigt me dit que ça devrait être bon, ça sent pas le grain sur Marseille, une intuit.

Je mets tout de même la combi pluie, technique efficace pour conjurer le sort.

J'enquille l'autoroute direction Aubagne, salue au passage un confrère sur une antique suzuk, un 2T 125 ou 250, je sais pas trop.
Arrivé au point de RDV, le Philo fidèle au poste et petit Scarabée, déçu de ne pas être venu au pot du CSE nous fait l'honneur d'étrenner ses tout nouveaux tourances motif d'absence à la précédente balade.
Vraisemblablement Romuald prudent, a téléphoné pour savoir si d'éventuels participants sont au RDV.
Rassuré, il saute sur sa monture et nous rejoint, quelques minutes plus tard.
Une fois les pleins fait, on entend le bruit de la ducat 750 Biposto rouge reconnaissable entre mille.
Tiens elle est a vendre...
Il semble que Benoît est semé le vent de la discorde en proposant un essai de la place arrière de sa Div.

Allez, c'est parti.

On enquille la N8 jusqu'au Col de l'Ange, comme nous l'avait dit Romuald, c'est humide dans certains virages, juste de quoi modifier la trajectoire.
On croise un troupeau de supermotards tunées.
Le seul groupe que l'on croisera de la journée.
Au col de l'Ange, on oblique vers La Ciotat, quelques endroits mouillotés mais dans l'ensemble c'est impec, les courbes s'enchaînent tranquille et au sortir de la forêt de pins, on découvre la Baie de la Ciotat.
La mer est agitée, des nuages bas s'accrochent aux reliefs, la mer est d'un bleu profond, se mélangeant avec les terres brune du Mugel, dressé tel un rempart face à la mer.
Le vent du sud souffle fort, donnant au ciel toute la gamme des gris, du plus terne au plus brillant.
Des couleurs que j'ai eu le plaisir de découvrir en Belgique, pays qui en passant, a des ciels d'orage magnifique.
Tout autour de nous et envahissant le paysage, la verdure sombre des pins.
On redescend vers La Ciotat.
Un petit arrêt en bord de mer; puis on repart pour découvrir la calanque de Figuerolles, littéralement taillée dans la terre.
A son extrémité: le Bec de l'Aigle.
Tiens je confondais le Cap de l'Aigle et le Bec de l'Aigle comme quoi , les explications de Romuald sont profitable.
Maintenant on reprends, par l'une des spéciales du championnat de France des Rallyes, la route des Crêtes entre La Ciotat et Cassis.
Le paysage est à nouveau sublime; la baie de La Ciotat, Les Lecques, au loin on distingue Bandol, Sanary et perdu dans la brume, les Ambiez.
Le vent nous dissuade de béquiller les motos pour regarder la vue du sémaphore.
Pas bien grave, on s'arrête un peu plus loin pour contempler la baie de Cassis et les calanques, Port Miou et l'entrée de Port Pin et d'En-Vau.
Au large les îles de Jarre, et de Riou.
De rares voiliers à la gîte s'amusent dans cette mer clapoteuse.

Et la route, alors ?
Et le temps ?

Tout va bien de ce coté là, elle est déserte et sèche.
Une bruine très fine ne parvient pas à rester sur la visière des casques, et le vent du sud parfois violent maintient une température plus que clémente pour la saison.
On arrive sur Cassis pour y avaler un café ou un chocolat.
Surprise sur le parking moto normalement archi bondé le dimanche, seule une pauvre 125 TW s'y ennuie.
D'après Romuald, hier sous un grand soleil, ici même il y avait plus d'une centaine de moto.
Décidément les locaux n'aiment pas les ciels de pluie.
Tandis que l'on déguste notre boisson chaude, un vendeur d'oursin frais attend le client, les pécheurs nettoient leurs bateaux..
Romuald nous propose de venir pique niquer chez lui.

Allez c'est reparti.

On quitte Cassis, par les hauteurs de Roquefort la Bédoule.
Là aussi le bitume est parfois humide sur quelques mètres, rien de plus.
On enchaîne les virages tranquillement, tandis que j'en profite pour apprendre à déhancher, c'est pas vraiment efficace mais ça m'amuse beaucoup.
A Cuges on retrouve Delphine et une halte accueillante, le temps de prendre le temps tout en dégustant des rillettes, le pique nique et un petit café.
Le sujet en arrive sur la place passager de la Biposto...
Alors, une Div ?
On est encore jeune, lance Romuald assassin.
Un petit coup d'oeil sur un Moto Revue et Toute La Moto qui font des essais sur le Col de l'Espigoulier, histoire de faire saliver Petit Scarabée qui ne le connais pas encore.
Vraisemblablement vu la pile de revues moto, le choix de la nouvelle monture n'est pas encore défini...
Départ de Cuges pour attaquer la monté du Beausset.
En temps normal elle est envahie de motards, mais aujourd'hui c'est le grand vide, on l'a presque pour nous tout seul.
En plus malgré la très légère bruine, elle est encore sèche.
Tranquille, on profite du paysage et des virages au revêtement impeccable.
Encore des coups de peinture au sol, dessinant une silhouette, vestige de l'un des trop fréquent accidents.
On passe devant le Paul Ricard fermé.
Là aussi, sur le parking, seul 2 motards nous saluent.
Tant mieux.
La descente vers Signes est de plus en plus humide, au delà la route est mouillée, mais les forêts ont le bon ton de ne pas laisser tomber de feuilles sur la route, vu que les arbres ici sont à feuilles persistantes.
Les petits virages s'enchaînent, la confiance arrive et le grip est excellent.
Pas de chrono, ici on garde la tête sur les épaules, juste le plaisir de négocier des séries de virage.
C'est jamais très droit sans pour autant vraiment tournicoter, le plaisir jusqu'à Méounes.
Là, le ciel est uniformément gris et la route bien mouillée.
Pas bien grave, les quelques kilomètres de liaison de peu d'intérêt seront vite avalé.
A la Roquebrussanne on ré-attaque les petites routes dans les sous bois.
Passant de large combes en foret, la brume s'accroche aux reliefs quelques mètres au dessus de nous.
Ici comme précédemment le grip est bon et ça vous secoue le pilote, juste de quoi lui faire pencher dans un sens et dans l'autre sans être jamais violent, ça monte ça descend, un vrai manège.
Au fur et à mesure, le bitume parfois fripé sèche, et en sous bois la route, dépourvue de feuilles mesquines est parfaitement sèche.
Une petite halte à l'auberge de la Sainte Beaume.
On découvre perché à flanc de montagne un ermitage, tandis que le Saint-Pilon, reste perdu dans les nuages.
Derrière nous, à l'ouest, les nuages gris plomb uniformisent le paysage, tandis que devant nous à l'est des trouées de soleil pointent à travers un horizon plus serein.
Aurions nous la chance d'avoir l'Espigoulier dégagé ?
Réponse dans une douzaine de kilomètres.
Après avoir croisé un matelas et des retraités en goguette, on attaque la courte montée vers le col de l'Espigoulier.
Le revêtement est tip top, mais la route est étroite et certains virages un peu humides.
J'ai des problèmes pour garder le contact.
Obligé de passer la première pour pouvoir aller chercher les tours en sortie de virage, je lopettise mes accélération, le 2T sur l'humide je ne maîtrise pas encore.
Un arrêt au col, pour contempler le paysage sublime, Gemenos à nos pied, Marseille au loin, on y distingue parfaitement la bonne mère, les îles du Frioul, les calanques et la route des Crêtes, le tout illuminé par des taches de soleil éparpillées dans le paysage.
Première halte pour le paysage et une deuxième halte une centaine de mètres plus loin pour faire découvrir le panorama de l'Espigoulier.
10 kilomètres de lacets vertigineux qui vous amène de 728 m à 133 m en une bonne quinzaine de virage en épingles, tous parfaitement visible de notre point de vue.
On aperçoit aussi que la route est quasi déserte et parfaitement sèche...
Bref, voilà théorie maintenant place à la pratique.
A l'attaque du tourniquet de l'Espigoulier, au programme cette année du championnat de France des rallyes, tout comme d'ailleurs la route des Crêtes et la route de Roquefort à Cassis.
Mais l'Espigoulier, c'est la part du roi !
Le temps de démarrer le TDR à la poussette et les 2 compères m'ont déjà largué, pas bien grave, dans la partie sinueuse et bosselée, je saute de virage en virage, bougeant comme une puce sur le TDR.
Frein, le regard sur la sortie du virage et gros gaz.
La moto s'emballe dans le bruit inimitable du bicylindre à trous, freinage, prise d'angle déhanché, pour le plaisir pas l'efficacité et re-gros gaz.
La moto saute dans tous les sens, vivante.
Je les ai en ligne de mire, c'est bon j'ai recollé au peloton.
Le revêtement change d'un coup passant du fripé au billard, la route s'élargit et les grandes épingles a faire tout frotter se profilent, le Philo enroule, tranquille et se détache, Petit Scarabée tente de s'accrocher, mais préfère assurer l'unique dépassement de la descente.
Peu avant une épingle il passe les 2 voitures.
Je profite de l'excellente visibilité offerte par la route en en surplomb pour faire un interieur propre.
Petit Scarabée toujours devant moi, je vois sa moto secouée danser la gigue un moment, il a dû glisser.
La route est sèche pourtant.
A mon tour au même endroit la moto se gondole sous l'effet d'une puissante rafale, ça secoue, c'est marrant en fait.
Bon par contre le Scarabée il a compris l'utilisation de l'Africa et la distance entre nous commence à s'allonger.
Je n'irais pas le chercher.
On ne roule pas au dessus de ses pompes, je m'applique donc; je pose le regard, je freine (toujours trop tôt), je déhanche et j'incline la moto, je dose les gaz dans les épingles au son du breet brreett breeet du 2T pas en charge.
C'est marrant, mais ce bruit est un véritable plaisir, c'est pas le volume, mais le son qui parcours tour à tour la gamme, du ratatouillage au suraigu à chaque nouvelle épingle avalée.
Les lisses en bois signalent le parc de Saint Pons, le jeu est fini on coupe les gaz par prudence.

Un gigantesque sourire en travers de la gueule.

10 km de bonheur, une route quasi déserte et parfaitement sèche, le pied...
On retourne au point de départ, un petit plein et c'est le retour à la maison, qui pour une fois n'est qu'a 20 kilomètres.

Au fait... il n'a pas plu de toute la balade, comme quoi la météo, ils galègent beaucoup ces temps-ci.

V


Jean Louis Mas
En direct de Marseille où la température extérieure est de 17 degrés.