L'onde verte...
Par Dame Jo

Mise à jour: 29 août 2011
 
 

Salut l'Ami(e) !

"Un petit roseau m'a suffi pour faire chanter l'herbe haute (...) et toute la forêt."

Ce soir, je tiens dans ma main un étrange caillou ramassé au bord de l'Hérault, qu'on dirait gravé de lignes courbes concentriques.
Regarde-le bien puis ferme les yeux. Va vers le coeur.
Rouge, noir, vert, blanc.
Un champ de coquelicots : les zorgas, le jour J. C'est très joli de les voir se croiser, s'agiter, plier du tshirt noir, dessiner, ranger, afficher en attendant le coup de feu, vers 17 heures... Tout cela, dans la bonne humeur.
Une île de verdure: Isis, qui nous reçoit offre un parc plein d'arbustes en fleurs et de grands arbres , dont certains nous viennent de loin, comme ce tulipier de Virginie qui intrigue tant les copains(ines).
L'air embaume les fleurs d'acacia: voilà le blanc.

Il fait soleil. On aurait presque trop chaud sur la terrasse.
Entrons dans le bâtiment d'accueil, belle construction de pierre autrefois à usage rustique.
J'ai souvent regardé les tableaux ornant la grande salle car ils disent, à leur façon, des choses qui m'ont toujours parlé : que la Terre est femme et enfante les montagnes et les vallées, les vignes et les blés, qu'une femme est parfois, à elle seule, entre lune et soleil, une île où pousse un arbre en fleur ...
Florence, notre hôtesse, m'a parlé du peintre : son père, botaniste.
" Mais oui, vous l'avez vu ! C'est lui qui a apporté les grands bouquets d'iris et planté toutes les fleurs, hier soir. "
Ce monsieur-là n'a pas raté sa fille, souriante et jolie comme un coeur, qui prend soin, chaque jour, de se faire belle, avec beaucoup de naturel, pour nous tous.
Et qui nous gâte !
Adélaïde apporte des fleurs sur la table de Doom et sur la nôtre : rose rouge, jasmin blanc, seringat... Elles seront là, avec nos sourires, pour dire aux arrivants(tes) " Soyez les bienvenus ! "
Cette année, ce sont les femmes qui accueillent.
Notre trésorière compulse ses listes.
Mme la présidente a le trac. Pourvu que tout se passe bien ! Allons, zen, My Dreamy !
Mais on te comprend.

ET VOUS VOILA !

C'est chouette de vous revoir tous(tes) ou de découvrir vos visages.
Parfois vous avez même amené les enfants et les bébés : les Gabriel du Sud, ronds et blonds comme des petits soleils.
C'est une soirée joyeuse qui commence.

Le lendemain, il fait bleu au réveil. Tout le monde a quartier libre pour aller rouler où bon lui semble. Le Philo embarque une petite équipe vers la Dourbie : Sergueï, Tardigradus ( celui qui va lentement ), Kris, Silver Triple et Mézigue.
Très bien, les petites équipes sur les routes des Cévennes.
Un premier arrêt, à la cascade du Minier, nous permet d'admirer l'eau qui rebondit entre des roches couvertes d'asphodèles, fleurs des âmes, dans l'antiquité grecque.
Le Philo nous emmène au Mont Aigoual, où la visibilité n'est pas mauvaise, ce matin.
Il reste encore là-haut quelques plaques de neige.
On n'ose imaginer les murailles de glace du plein hiver.
Nous suivons bientôt la Dourbie.
Ces paysages verts, vallonnés, évoquent un peu l'Ecosse, pour l'un d'entre nous.
Et c'est d'autant plus vrai que ça commence à grisouiller, là-haut, à pleuviner.
My God ! Sergueï rouspète et engueule les nuages.
Apprivoisons-les plutôt.
Pour rire un peu, après avoir quitté le village des Laupies, nous ne résistons pas au plaisir de jouer les " Laupiettes " ( bien que nous n'ayons pas la primeur de cette plaisanterie sur FRM )
L'abîme de Bramabiau est impressionnant.
Après une pause-déjeuner à Trèves et les gorges du Trévézel, nous admirons le village de Cantobre ( Quant obra ! quelle oeuvre ! ) perché sur un piton du causse Bégon.
J'oubliais ... Le " Beau blond " est revenu, ce qui vous allume tout de suite les couleurs de la nature et vous donne envie de chanter.
Tardigradus et moi ne nous en privons guère et rigolons en entonnant " Le Tango interminable des Perceurs de coffres-forts " puis " Le Blues du Dentiste ".

Soudain, sans crier gare, c'est le Sud, avec sa sécheresse, son Vissec sur rivière de cailloux, son cirque de Navacelles.
C'est fou ce que les paysages et la végétation peuvent se succéder rapidement, et s'opposer, dans cette région.
Il fait chaud à la Baume Auriol, lors de la concentration des motards pour le défilé.
Un oiseau blanc dans le ciel bleu.
Mets du Manche pilote, Adélaïde nous filme.
Je vais te dire, je suis émue que Le Philo conduise le défilé. C'est une responsabilité mais aussi un honneur.
Tricé vient derrière nous; après, je ne sais pas mais j'imagine le long ruban, le collier de lumières.
My Dreamy ferme et veille.
A 30 km/h, on a le temps d'admirer les lieux.
Je me dis qu'il doit être difficile pour tous(tes) de rouler si lentement tout en maintenant une distance de sécurité. Pas évident du tout !
Plus ça va, plus c'est émouvant.
L'oiseau blanc tourne toujours au-dessus de nous.
Nous entamons la remontée ... Et là, dans les épingles, je vois les motos qui se suivent.
Zut ! C'est déjà fini.
LCF me dira, tout à l'heure, que le défilé a duré 25 mn. Il me semble que nous venons juste de partir.
My Dreamy exulte : ça s'est bien passé !

Et de deux, après l'épatante journée d'accueil de la veille.

De retour à Isis, on échange ses impressions, on se raconte les balades du jour.
Certains ont pris la flotte, d'autres ont dû sortir la panoplie du parfait petit mécano ...
Comme toujours, après le dîner, on sort les bizarres et, si j'en juge par les tronches sans yeux du lendemain matin, certains liquides étaient plutôt virulents.
Komanroulépetondançtétala ?
Ben si ! Ils peuvent. La fraîcheur du matin vous les défripe ... Ou la douche froide.

Samedi.
La météo avait prévu des orages et, à en juger par le ciel plombé, la veille au soir, au-dessus du Vigan, ça allait nous tomber sur la tête ..
Que nenni. La nuit, tout s'est nettoyé.
Il fait beau quand une petite troupe de neuf lurons(onnes) s'embarque pour la balade tortillarde " Vallée française ".
Japy, Haroun, Antoine, Duvalben, Pi et Claudine, Marcool, Le Philo et Dame Jo virolent bientôt sur d'étroites routes, au sein de verdures luxuriantes. T'en voulais des chataigniers ? En voilà. Et ça monte, et ça descend. Et ça glisse, et ça se redresse, Nom de Dieu ! Mais les parfums, mais l'or des genêts, mais les serres cévenols, mais les villages perchés, mais St Germain de Calberte, oasis fleurie dans une forêt perdue ...
Col de la Baraque, col du Pendédis, col de Jalcreste; il est temps de se restaurer chez les routiers, où le patron a une belle gueule de Gaulois.
" Nous avons fait la moitié du parcours " annonce Le Philo.
Il faut se requinquer, hypnotisé qu'on est par tant de courbes. Cet après-midi, après un tout petit peu de route roulante, ça tournera de plus belle.
C'est plus sauvage encore avec, quand on s'y attend le moins, de hautes maisons couleur de biquettes brunes, aux toits de lauzes, perdues dans un fouillis vert. L'altitude n'est pas très importante mais les dénivelés sont si rapides que c'en est stupéfiant.
Je crois bien avoir vu là l'une des régions les plus sauvages de France. Antoine la compare à certains endroits de Corse.
La mer en moins.
On fatigue sérieusement à la fin de la descente de la Vallée Française.
A St Jean-du-Gard, à peine descendus de leur monture, Duvalben, Haroun et d'autres s'affalent sur une pelouse. Un sacré coup de pompe !
" On s'le fait ou on s'le fait pas, le col de l'Asclier ? "
C'est la cerise sur le gâteau. Que dit le ciel ? Un peu de gris mais aussi du bleu.
On tente le coup.
A peine engagé sur la route étroite, Le Philo a une surprise de taille. Un camion orange de la DDE lui arrive droit dessus. Ça ne sert à rien de serrer de près le rocher ... La Pan ne peut pas passer. Une seule solution, s'arrêter ! Dire que c'est là où c'est le plus étroit qu'une telle situation se présente !
Le camionneur sourit gentiment, nous fait signe d'attendre et fait marche arrière pour aller se garer quelque 150m plus loin. Merci, M'sieur ! Faut l'faire !
Des bagnoles, tout de suite après. Mais bon sang d'bois, ils l'ont fait exprès ou quoi ? Ils sont tous courtois, à l'exception d'une mémère à l'air renfrogné qui, de toute évidence pense que " ces enfoirés qui s'baladent peuvent attendre " A l'entrée d'un petit pont en courbe, Le Philo, déjà engagé, qui l'a vue venir, klaxonne. En vain car Madame Lagrogne s'engage.
Nous croisons de justesse l'ourse du coin. Ensuite, plus de chausse-trappe mais la plus haute vigilance s'impose car c'est un parcours très technique.
Gravillon-ci, gravillon-là, par dessus le marché.
Très belles vues sur les serres et les valats cévenols, les lointains bleus. Ici les prés pentus sont fleuris de narcisses. De temps en temps, nous voyons des chieuv'es qui broutent des feuilles.

Heureusement, nous ne sommes plus très loin du bercail et une pause troquet, à Sumène, finit de redonner de l'énergie aux épuisés.
D'ailleurs, au cas où l'un de nous aurait l'idée saugrenue de ne plus bouger de là, ce soir, il n'aurait qu'à aller aux toilettes du bistrot, où un aérateur grinçant, poussif, gueulard, hoquetant, vous fout la trouille dès qu'il se met en marche, une fois la porte fermée. Jamais entendu pareil raffut en ce lieu de paix ( pets ? ).
C'est sûrement fait pour dégoûter d'éventuels lecteurs ou diminuer la facture eudeufeu.

" Home, sweet home " mais je suis enchantée de cette vadrouille.
Les copains aussi, malgré la fatigue.

Lors de la soirée, Gilles80RT me raconte comment notre copain Pascal Voury s'est servi de son bel organe ( mais non ! Pas celui là - Tout de même ! ); à St Guillem, il a fait sonner sa voix de basse et la chef de choeur l'a complimenté et voulait le garder. Là j'ai loupé quelque chose.
Au fait, Ghislain, Le Malade en Bombardier, et moi avons pensé, depuis longtemps,à vous faire chanter, en tout bien tout honneur : et pas des chansons de
rosières ! Il y a beaucoup de belles voix dans la troupe ...
C'est ce soir-là aussi que j'ai bien rigolé quand notre copain belge, Thierry nous a raconté comment certain farceur, alors qu'il cherchait " une pissoire ", l'avait envoyé dans les douches.
J'imagine la tête du douché si ...

Ce soir-là encore que j'ai révélé à Karmélitre, curieux, pourquoi Le Philo s'appelait Le Philo.
" Le Philo-sophe ?
- Niet ! L'a pas cette prétention.
-Heu ? Alors ...Alors ?
- Surnom familial pour Philippe; Et plus joli encore, pour Dame Jo : en grec "philo" veut dire "ami " Philo-sophe, sûrement un peu, si tu veux ...
Karmélitre; mais ce n'est pas l'intéressé qui le dit. "

Beaucoup de moments magiques, offerts par de grands voyageurs tels Lulu et Vieux Lion nous contant, en petit comité, un peu de leurs rencontres, avec des pays et des hommes; et par l'un d'entre vous qui, sous les étoiles d'Isis, lorsque je parle d'un de mes amis ébloui, écrasé d'étoiles lors de nuits au désert m'offre, comme ça, le souvenir précieux d'un paysage d'Egypte blanc de givre, féérique ...

Décidément, comme dit Mash, " On n'a pas des vies faciles faciles ... "
Ça c'est encore vérifié à la NC04.

" Soulagée, My Dreamy ?
- VOUI " ( La joie éclaire son visage. )

J'espère bien que tu as échappé au baby blues, une fois de retourà Montpellier. Il suffit de regarder photos et vidéos pour retrouver tout l'monde ou ...

.... de tenir un caillou de l'Hérault aux courbes concentriques, à une heure du matin.


Salut l'Ami(e) ! Avé le sourire et la bise de Dame Jo, la virevoltée d'la moto.


PS -1) Zazzz, si les fleurs dont tu m'as parlé, après ta balade du samedi, sont petites, bleu ciel, en forme d'étoiles, au bout d'une courte tige comme un jonc vert sombre, ce sont des aphyllantes.
Si elles sont plutôt roses, courtes, faisant comme des coussins dans les rocailles, ou sur les talus, ce sont des saponaires ocymoïdes, très répandues dans le Sud. Je penche plutôt pour la 2ème solution.

PS -2) Bravo Marco ! T'es doué pour la BD ( Et j'ai d'autant plus ri que mon beau-père, cycliste, se prénomme ... )