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Une journée ordinaire...
Par OlaVax

Mise à jour: 1er novembre 2010
 
 

Ce message m'a été remis par un pote qui reprend contact avec moi à cause de sa petite histoire.
Je vous la livre telle que:


Salut vax

Ca fait un moment qu'on ne s'est pas vu mais bon.
Comme tu sais j'ai passé mon permis moto au début de l'année.
Aujourd'hui je suis dans une merde pas possible...
Je me suis acheté une 500GSE a la campagne.
Le type a eu la gentillesse de livrer la bécane chez le gd père de ma nana, où j'avais décidé par prudence de faire les premiers tours de roues.
Pour une raison un peu compliquée ma nana venait ce samedi avec le C25 aménagé pour passer le WE tandis que moi même, je descendais en train plus tard dans la soirée directement après le boulot.
Une fois arrivé sur place en soirée, naturellement je descends au garage voir la bécane: superbe, rutilante (elle roulait pas mais était certainement astiquée toutes les semaines).
Elle était béquillée sur la centrale juste devant la Traction blanche fraîchement restaurée du Grand Père.
Je me promet à ce moment là de faire un tour avec ma douce (tu ne la connais pas) des le lendemain matin.

21H12: coup de fil de ma nana qui m'appelle pour un problème avec le C25 qui n'avance plus.
Plus de son plus d'image.
Elle est encore a 30Km en rase campagne, et je me dis que c'est finalement la bonne occasion pour aller faire un tour.

21H25: je descend au garage, je charge dans un sac à dos un équipement de pluie au cas où (vu le temps qu'on a en ce moment...) et je sandowte une boite à outils réduite pour le C25.

21H26: vérifications sur la bécane... la chaîne mérite un peu de graisse.

21H27: je démarre la bécane. Froide telle qu'elle est, elle ne tient pas le ralenti. Je veux mettre un peu de starter et je me rends compte que le câble est bloqué dans sa gaine et le levier me reste presque dans la main.

21H28: j'accroche un tendeur aux sangles de la planche a voile pendue au plafond, et relie celui-ci à la poignée des gaz dans le but de la maintenir dans la position adéquate pour ne pas qu'elle cale.
Start.

21H29: je démarre la bécane, passe la première, la roue AR tourne tranquillement et muni de la bombe a graisse commence à en projeter sur la couronne. Ensuite, la roue n'étant pas tout a fait équilibrée, la moto s'est mise a trembler verticalement, un phénomène de résonance aidant sans doute.
La poignée a du augmenter les gaz en raison de la traction sur le Sandow.
La roue AR est venue à toucher le sol à cause des vibrations et à ce contact, la moto est partie dans un hurlement de moteur: chaque centimètre parcouru tournant un peu plus la poignée.
Elle a fini sa course couchée dans la porte du garage qui n'a pas résistée.
Tout en tirant sur le tendeur, la moto a tiré sur la planche à voile.
Celle-ci, avec la tension a opéré une rotation assez violente.
Lorsque le tendeur a fini par lâcher, elle est brusquement revenue dans sa position initiale et l'élan aidant a faucher tous les pots de peintures de tout ce qu'on veut situer sur l'étagère murale. Ceux ci sont tombés en explosant sur la roue AR tournant encore a fond de la moto couchée. Il s'en est suivi un épandage à l'intérieur du local.
La traction de tout à l'heure ainsi que moi-même ayant été copieusement repeints.

21H30: je n'ai pas encore parcouru un mètre et suis déjà responsable d'une catastrophe.
Je relève la bécane pour constater les dégâts.
Le guidon est tordu, et l'avant a dégusté à cause du choc.
Avec un grand levier je redresse le guidon, et cà roulera comme ca.
Les dégâts autour de moi sont impressionnants, mais mon sens de la fatalité étant poussée au point d'en être ma principale qualité comme tu me l'avait fait remarqué à l'époque je n'ai qu'un regard incrédule sur la catastrophe.

Zen.

21H42: je décide de quitter ce lieu afin de partir au secours de ma dulcinée.
Après une dizaine de Km, le phare pique du nez.
Je le redresse avec la main gauche en roulant.

21H50: encore un ou deux Km le défaut c'est accentué et je dois tenir le phare constamment.
Ceci n'étant plus vivable je m'arrête pour chercher une solution.
Un pas de vis a lâché dans le carton avec la porte, il me faut une vis un poil plus large...
La seule que je trouve est celle de la visière du casque.
Ca rentre, reste que la visière est décrochée d'un des cotés.
De ma boîte a outil je sors un bout de chatterton que je plaque sur le coté de la visière.

GAZ !!!

21H51: début de la pluie

21H52: je prends des trombes d'eau sur la gueule en guise de pluie c'est un orage.
Je m'arrête pour passer les vêtements de pluie.

21H55: après quelques respirations de relaxation je repars à allure soutenue, afin de vérifier une intersection je tourne la tête, coup de vent violent, le vent pénètre sous la visière.
Le chatterton n'a pas tenu, la précieuse visière est arrachée et je me retrouve face à la pluie.
Bien sûr la vitesse m'oblige à fermer les yeux... je freine trop tard ! je ne peux éviter les trous du bas coté. La moto bondit et me secoue dans tout les sens, j'entends un bruit de cataclysme, et je m'arrête les yeux à moitié fermés 20m plus loin.
Dans le choc heureusement sans chute j'ai perdu ma boite à outil.
Demi-tour, je reviens sur mes pas pour rassembler les outils répandus sur toute la route, moto garée au bord du fossé noyé par l'orage.
A la lueur du phare je cherche les outils, quand soudain je me rends compte que des flammes sont en train de lécher le réservoir de la bécane !!!
Mon sang zen ne fait qu'un tour, je donne un grand coup de pied dans la bécane pour la renverser dans le fossé plein de flotte.
Le feu est immédiatement éteint .... et le moteur noyé.

22H20: un bon quart d'heure pour ressortir la bécane en suant dans la combi plus tard, et je trouve l'objet du problème, une durite d'essence est poreuse au point de fuir, les derniers événements l'ayant encouragé à craquer.
Je ressors le chatterton et remonte tout a la lueur de la lampe de poche.

22H36: après avoir redémarré et constaté que la moto avait un drôle de comportement, je m'arrête et ressors du pneu AV une clé alen sur laquelle j'ai roulé en revenant sur les outils... no comment, il faut réparer à nouveau.

22H40: quelques mouvements de ressourcement me permettent de retrouver un esprit serein.
Je repars, le pneu est affublé d'un pansement en chatterton pour tenir le champignon du kit de réparation tubless.

Zen.

Maintenant la moto perd de l'adhérence à l'AV à chaque tour de roue. Je roule vraiment doucement.

23H00: il fallait s'y attendre, dans un virage, l'AV décroche et c'est la gamelle.
De toute façon je ne voyais rien.
Heureusement la vitesse réduite fait qu'il n'y a pas de dégâts sur le bonhomme.
La moto en a fait un tout droit dans le champ vers un tas de ferrailles issu d'une ex machine agricole.
Je n'ai pas le temps de me féliciter d'avoir échappé au hachoir, je constate que c'est le pneu AR qui y est presque passé.
Le pneu est tout simplement cisaillé sur une dizaine de centimètres, c'est lui qui a " amorti" le choc, coup de chance.
Et de deux pneus.


Le chatterton n'y pourra rien. Pour la première fois de ma vie j'ai un bref doute sur mes capacités zen.

23H25 : Avec du fil de fer barbelé trouvé dans cette casse-champètre j'ai ficelé la totalité du pneu sur toute sa périphérie a la jnate et les battons.
Il est a plat OK, mais maintenu a peu près convenablement.
Je suis peut être l'auteur du premier pneu Verglas homologated de l'histoire de la moto.

23H35: 1 minute de Lotus et c'est reparti.
En passant devant un hangar vitré sur une partie je me rends compte que les noeuds du fil de fer produisent des étincelles du plus bel effet.
Sauf que je crains pour la résistance du fil, je continurais sur le bas coté tant que ce sera possible.
Je traverse un petit bled ou quelques gars sortant d'un bistro, un peu éméchés, me regardent passer incrédules, sous la flotte sans visière en faisant des étincelles a 10Km/h.
Plus que cinq kilomètres.
La pluie s'est arrêtée.
La moto a un comportement de jeu vidéo.
Je pense plus avoir d'autre galère, c'est pas possible...

23H40: La moto hoquette le moteur s'arrête.
Il ne faut pas sortir de polytechnique pour constater la panne d'essence.
C'est fini ? non !
Je sais qu'il y a une station 24/24 à proximité je pousse la bécane jusqu'à la pompe (disons 2 km).
J'arrive presque sans encombre au niveau de la station essence.
La suite est incroyable, surtout après le récit ci dessus.
Mais bon.

23H55: A la pompe déserte, je commence à me servir.
Je mets huit litres et ca semble plein.
Etonné de la faible capacité du réservoir, je pose le pistolet sur la selle, et sort la lampe pour regarder au fond (je ne savais pas qu'un réservoir contenait si peu et qu'il ne fallait pas plonger le pistolet au fond).

23H56: en effectuant cette manoeuvre, je déséquilibre le pistolet qui glisse de la selle a terre sauf que le repose pied tel un grappin retient le pistolet dans sa chute par la... gâchette.
S'en suit un vomissement de SP98 sur le pot d'échappement immédiatement suivit d'un début d'incendie de la bécane.
Incapable de me saisir du pistolet en raison de la température, je m'éloigne vers la station espérant trouver du secours.
A cet instant les sirènes d'incendie se déclenche, un gars (le propriétaire de la station) me gueule:

"Vous êtes dingues ! il y a 25000l d'essence dans le reservoir"
"Mais non" que je réponds "8 litres seulement" !

00H11: les pompiers arrivent avec 5 camions, et 35 hommes de feu !

01H20: tout est fini.
Je suis embarqué par les flics et inculpé de dégradation par imprudence de biens privés.
La moto est détruite, la station est détruite, le préfet à été réveillé, ils ont faillit déclencher le plan ORSEC vu qu'un pipeline GDF passe juste derrière la station...


Le lendemain: retrait de permis immédiat pour 6 mois, mon assureur refuse de couvrir les frais en raison de l'inculpation.
Il y en a pour plusieurs millions de francs lourds.
Ma copine qui m'a attendu des heures et a entendu à la radio dans le C25 parler de moi me trouve ridicule, ne veut plus me voir...
L'assistance juridique dit que le cas est trop lourd pour elle, elle ne veut pas prendre le dossier car le sinistre dépasse le seuil du contrat etc...
Bref j'ai été libéré 2 jours après (tests sanguins, antécédents, suivi psychologique etc...).

Cette semaine au boulot ils ont essayé de me coller une faute professionnelle sur le dos pour se débarrasser de " monsieur catastrophe".
Dans les journaux ils en ont à peine parlé, l'affaire a été étouffée car le pétrolier faisait déjà pas mal parler de lui sur les ondes (si vous voyez ce que je veux dire) d'où l'inculpation sans doute.
Mais je n'ai pas de preuves.

Toi qui est sur internet toute la journée tu dois connaitre pas mal de gars qui font de la moto... pense tu que je puisse y trouver de l'aide ?

Et la FFMC qu'en penser ?


Ciao et fais gaffe a toi.



Jean POTET