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Passagère...
Par Géraldine

Mise à jour: 1er novembre 2010
 
 

Des circonstances malheureuses m'ont rendues momentanément passagère.

Lasse de faire frotter mes béquilles aux embrasures des portes et de prendre de l'angle sur le parquet en geignant j'ai décidé de me trouver un pilote.

Je ne me leurrais pas sur la qualité de la compagnie qu'un tel individu pourrait m'apporter mais malgré tout ma seule main droite ne pouvait subvenir aux démangeaisons de poignée.

Assise sur ma vertue, le sourire carnassier dissimulé sous l'intégral et les poches pleines de suppos à la nitroglycérine j'entamais donc une traque au tarmo dont je suis revenue entière et plus sage!

Au gré du récit, vous apprendrez, en vrac, comment caser 178 cm de hargne sur un strapontin de sportive.
Vous aurez en votre possession les moyens les plus efficaces pour communiquer avec un décérébré, ainsi que les techniques de base pour vous en débarrasser sans peine (et proprement hein! On est pas des tueuses!)
Puissent mes congénères d'infortune en tirer les enseignements nécessaires, et quelque chose me dit qu'au printemps les duos vont prendre une teinte un peu plus rock'n roll…


Du concentré d'essence de teigne, ma réputation m'avait précédé, et mettre sur le grappin sur un pilote sans avoir recours à la manière forte ( slip fendu, œil lubrique etc…) n'a pas été une mince affaire.
Je gardais en tête les sages conseils du Kama Sutra qui stipulent que la femme girafe et l'homme crapaud ne font pas bon ménage et j'éliminais d'office les catégories suivantes:
- le quadra labellisé "Hespérides" qui roule en Pine Européenne ( Xanax Party à Port Marly…non merci! )
- Le chevelu en Harley incompatible avec le port du stérilet.
- Le supermotard bariolé parce qu'il n'a pas de poils et que moi je compte bien joindre l'utile à l'agréable!

J'ai donc jeté mon dévolu sur un pilote sans névroses apparentes, dont la carrure et la chiotte semblaient compatibles avec mes mensurations de rêve.
L'affaire fut conclue sans peine.
Le plus gros du travail s'effectue lors du premier entretien.
Afin de placer toutes les chances de son côté il suffit simplement d'éviter le port de la jupe culotte et du col roulé, d'adopter un profil bas et d'opiner du chef à toutes ses inepties.
Ne croyez pas un traître mot de ses promesses ou de ses performances passées.
Assurez vous seulement qu'il possède encore tous ses attributs et qu'il fait la différence entre la poignée embrayage et celle du frein avant.

Premier rendez vous pour un tour de chauffe…

Le pilote est aux anges, il a lustré son DAINESE pour l'occasion et consenti à fermer sa braguette.
Ca baigne, bien qu'il me fasse remarquer que la déco de mon casque jure avec le coloris de ses cale pieds… J'y avais pas pensé… Malgré tout grand seigneur il m'invite à grimper… Lui coller le double air bag dans le dos d'office? Glisser un doigt inquisiteur dans les replis de son pantalon? Technique efficace mais hasardeuse surtout en sortie de courbe.

Je préfère adopter une attitude neutre et efficace…

Les présentations sont faites, il s'agit maintenant d'optimiser la collaboration et de peaufiner la communication. Vous savez comme moi que derrière chaque pilote se cache un maniaco-dépressif de la poignée de gaz et nous sommes souvent amenées à manifester notre mécontentement.
Il n'y a pas 36 façons de signifier sa désapprobation. Un coup de coude assené violemment à la base du cou se révèle un moyen efficace.
En cas d'urgence absolue ( vomi sur la visière, motel accueillant, sapeurs pompiers en shorts sur le bas coté), à vous d'empoigner le paquet ( en bas au milieu) d'imprimer une pression en effectuant un quart de tour vers la droite.
Résultat garanti: il hurle, il pile, vous injurie en ravalant ses postillons ( Ha le casque! Le casque! ) et vous allez pisser en paix…

Soumis aux intempéries, le pilote, comme sa machine présente différentes pannes, plus fréquentes en hiver ou il circule les extrémités gelées . Pas de quoi sombrer dans une torpeur coupable… Y'a pas que les motards dans la vie, y'a aussi les rugbymen, les déménageurs, les livreurs de pizza, les éboueurs, les dogues allemands.

Tout ce qui frotte use et le motard ne déroge pas à la règle.

Un pilote amaigri, hirsute, irritable n'a pas forcement des vers.
Certains signes ne trompent pas et il faut prendre la décision de s'en séparer.
Nous sommes toutes passés par là.

Afin de ne pas perdre de temps en tergiversations, je vous conseille de partir avec lui au Mans.
Potes hilares, et pelles à la bière sauront vous donner les motivations nécessaires.
Pendant qu'il vous jure fidélité à grand coup de b…, simulez l'orgasme (easy!) son sommeil n'en sera que plus serein et disparaissez aux premiers ronflements. C'est avec une mine innocente que vous pourrez alors pénétrer dans la tente, du motard sobre, célibataire et hyper membré repéré un peu plus tôt. Tandis que votre vieux pilote verse des larmes amères, se mouche dans votre string en comptant ses morpions, vous repartez à dos de motard neuf!
L'est pas belle la vie????


Voilà…
On sait ce que vaut une passagère avisée… imaginez un peu le sort réservé aux pilotes de side.. L'enfer en stéréo!

Tiens, au fait, vous auriez pas vu mon pilote ?