C
 

Pas réglementaire !
Par Charly

Mise à jour: 1er novembre 2010
 
 

Charly says: "Le JBT me fait mourir de rire et pleurer de nostalgie, car quand je lis le JBT (1), je revis des moments vécus......."



Le vécu, rattrape l'horreur de la BD...;o)))


1975, Paris, j'ai une nouvelle CB 750 d'occas, qui ne me donne pas entière satisfaction.
Je l'ai portée chez mon cons' pour qu'il regarde ça, problème d'embrayage.
Je la récupère, vers la porte de Clichy et prends les extérieurs.
Bien entendu, pour voir si tout va bien et heureux d'avoir récupéré ma bête, j'ouvre un peu...
Le problème était sur les rapports bas, à chaud, donc je fais bien chauffer la machine en tirant dessus, de plus en plus.
A chaque feu je démarre comme un ouf pour que tout monte bien en température... et bien sur, je ne coupe que sur le feu rouge suivant.
Faut pas qu'elle refroidisse pour que mes tests soient valables, (faut bien que je trouve une excuse pour rouler en ville comme un taré).

Les feux passent et aux alentours de la porte maillot, je m'engage dans un tunnel, poignée dans le coin.
La titine répond bien, elle me semble être bien chaude et le problème semble avoir disparut.
Je commence à être béat de ce nouveau plaisir de conduire et je remonte la sortie du tunnel... à 140.. 150 environ... (compteur bien sur...).

150..200 mètres après cette sortie, il y a un feu qui est au vert... pas de lézard, faux pas mollir...
Un caisseux en DS qui vient en sens inverse, se place sur le carrefour pour tourner sur sa gauche, donc me couper la route.
Je lâche le câble, au cas ou... et le type tourne comme une fleur, alors que je suis à 10..15 mètres de lui.
Vous l'aurez noté, "j'ai lâché du câble", pas freiné, donc encore assez vite.
Suffisamment vite pour ne pas avoir le temps de m'arrêter, suffisamment pour le percuter sur son aile AR droite, suffisamment pour que sa DS fasse un demi tour sur place.
Au dernier moment, j'ai sauté sur les freins, mais la titine est partis en crabe, ah oui, j'ai omis de dire qu'il pleuvait.
La belle se couche et je me prends la DS de coté. Le pied gauche sert d'amortisseur entre la toto et la moto.
Résultat, chui out !
Mal à la jambe gauche, la droite, les bras, le torse et la tête alouette...

Quelques minutes plus tard, les pompiers arrivent, je peux pas me relever.
J'ai du partir plusieurs fois dans les vaps, car me souvient pas de tout.
Un pompier m'ausculte et diagnostique des fractures aux jambes...
Direction l'ambulance. On me charge et on commence à rouler.
J'ai repris conscience et tout baigne malgré la douleur qui me tire un peu partout dans le corps. Mais le sourire est là, chui vivant et de loin j'ai vu titine, la fourche n'a pas été touchée, ce qui est ma hantise.

Les pompoms entre sur le périph et on roule, on roule... j'entends leur échange radio et il semble qu'il y a quelque chose qui va pas bien dans la mécanique des secours.
Comme je discute bien avec le gars qui me garde, il m'avoue qu'ils ne trouvent pas de place pour moi.
Nous sommes donc sur le périph en train de tourner en attendant de savoir où aller. Manifestement je ne suis pas une urgence absolue, ou plutôt il doit y avoir des urgences pire que moi.

Bref, au bout d'un bon quart d'heure, on leur indique que l'on peut me recevoir à Bégin.... Banco, on va à Bégin, t'as ton maillot ?
Ils me déchargent et m'amène aux urgences. Dans l'état où je suis, y a un peu de stress quand même vu le problème d'accueil.
Quand on est mal, on n'évacue pas aussi bien que quand la santé est top.

Les pompiers m'ont placé lors de leur prise en charge, une attèle à la jambe gauche.
C'est une attèle réglable en bois, avec une semelle qui glisse et se bloque avec des papillons pour maintenir le pied.
Comme à priori c'est le bas de la jambe gauche et le pied qui semblent touchés, l'attèle est fixée sous le mollet, en partant au niveau de l'articulation du genou.
Cette attèle, est là pour répondre à différent cas de figure, elle est donc assez longue et dépasse de mon pied de 30 bon cm.
Je fais moi un mètre 85 debout, plus l'attèle, ça commence à faire. En me déchargeant, bien sur un pompier se cogne à l'attèle ce qui a pour conséquence de réveiller la douleur du pied et le moribond qui est au bout...
Le pompier s'excuse, surpris par le cris que le zinzin vient de pousser et on me rentre dans les urgences.
Je lui fait un sourire, pour lui dire que je ne lui en veux pas... j'aime bien les pompiers, j'ai eut souvent affaire à eux, toujours serviables. (sans dec. c'est des gars super).

Là on me laisse poireauter, (tiens c'est une racine connue ça), les pompiers s'impatientent, car manifestement la pluie à du leur concocter d'autres urgences... ils sont donc pressés de repartir faire leur travail.
On finit par venir me chercher pour passer une radio, où la "manute" n'oublie pas de cogner chaleureusement l'attèle.
Re cris, re sourire "c'est pas grave".

Quand je ressort des radios, les pompiers sont partis, sans leur attèle, la manute me la remet et me colle dans le couloir... où j'attend longtemps qu'un médecin soit libre.

Il finit par venir me voir et me dire que j'ai :
A gauche, 3 fractures aux métatarses, une double fracture du calcanéum, un tibia et un péroné de fêlé, 1 cote cassée, à droite un radius et cubitus cassé, le reste ne sont que des brûlures superficielles....
-Ah bon, bin tout va bien alors ?
-Oui et non me répond t-il, le problème c'est qu'on n'a pas de lit pour vous.
-Pourquoi, z'êtes raciste, n'aimez pas les motard ?
-Non, non, nous sommes complet, mais on cherche, je vous tiens au courant.
Et il se barre !

Une bonne plombe après, un gus en blouse blanche vient me voir.

Il dit qu'il est ambulancier et doit m'emmener à Neuilly dans un établissement où il y aurait un lit pour moi.
Il est seul !
Il me pousse vers la sortie et là je vois une seule voiture nommée ambulance.
Une 404 break !
Elle est blanche, mais bon, tant qu'on n'est pas dedans je veux bien croire que c'est une ambulance.
Mais là faut que je monte...
Il présente le brancard et me charge dans sa gazinière.
Referme le coffre... sur l'attèle qui dépasse de 15..20 cm dehors !
Ummmphhh !
Je ne souris plus !
Je souris encore moins, car après avoir relevé le hayon, on s'aperçoit que je ne peux tenir allongé à cause de cette screugneugneu d'attèle.
Il faut donc que je recule, encore et encore.
J'ai fait le voyage Begin/Neuilly en appuie sur les bras, les fesses sur une barre métallique de séparation, dos à la route bien sur, mais presque face au conducteur, qui était obligé de se pencher pour voir se qui venait de sa droite... p'tain de DS...

Arrivé à Neuilly, le gars ouvre son hayon tout doucement...trop tard, c'était à la fermeture qu'il fallait faire gaffe.
Il est tard, j'ai pas mangé depuis le midi, j'ai faim.
Une none vient me prendre en charge. Je lui dit que j'ai faim.
-Désolé, il est trop tard, y a rien. Je suis seule de garde, tout le monde est partis.
Grrrrrrr..
Elle me rentre dans le bâtiment et m'annonce que les radios sont restées à Begin.
ReGrrrrr...
Il faut donc les refaire.
Les salles de radios sont généralement au sous sol.
Elle me tire donc dans l'ascenseur et la porte automatique se referme...sur mon l'attèle qui dépasse !
UMMmmmmphhhh !
Je commence à en avoir ras le bol qu'on prenne ma jambe pour un pied de biche et je le dis bien haut et fort avec un langage, bien que rarement utilisé par la petite none, n'empêche pas qu'elle le comprends tout à fait vu la couleur écarlate de ses joues.

Ca aurait pu se terminer là après les nouvelles radios, puis le plâtre, me retrouver dans un lit frais l'estomac creux certes...mais non.
Le médecin ou radiologue qui a pris les radios m'annonce :
- 3 métatarses.
-Oui.
-Un double calcanéum.
-Oui, je sais.
-Un Tibia et un péroné de cassés.
-Ah merde m'avait dit fêlés....
-non cassés...et 4 cotes cassées !
-4 Cassées ? et le radius cubitus ?
- Nan rien de ce coté là, un bon choc, mais rien de cassé ni de fêlé.
-Bon bin bien, je prends ça.

Je savais pas qui je devais croire.
J'ai bien surveillé mon bras droit pendant les jours qui ont suivis et effectivement je ne devais pas avoir de fracture au bras droit.
Les côtes m'ont bien fait souffrir longtemps. Mais ne m'ont pas empêcher quelques jours plus tard, de faire une course dans le couloir avec un autre tarmo en fauteuil et moi en béquille, ce qui m'a value une gamelle de plus, le caoutchouc de la béquille à dérapé sur le mouillé que la femme de service répandait pour laver les couloirs sans le signaler avec le drapeaux réglementaire !
J'me suis fais copieusement enguirlander par les commissaires de courses féminin, qui avaient une drôle de tenue avec collerette.... pas réglementaire non plus.
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